Homélie
Prière universelle
VIVRE DU CHRIST
(Jn 6/51-58 )

L’humanité est le sommet de toute l’action créatrice. Dieu demeure présent à toute sa création, d’une présence réelle, tangible à travers nous et tout ce qui existe. Présence déjà là comme origine, mais en quelque sorte inachevée, car elle nous est pour ainsi dire confiée : « Voici je vous donne toute la terre, remplissez la et soumettez-la… » L’homme a aussi comme tâche d’ouvrir l’univers à Dieu. Chassé du paradis, il a toutefois le pouvoir de remettre ou non à Dieu le monde dont il a la charge.
Dimanche dernier, nous avons essayé de méditer la parole de Jésus : « Si quelqu’un mange ma chair et boit mon sang, il aura la vie en lui ». Que signifie boire et manger ?
Aujourd’hui, nous pouvons continuer à nous demander ce que signifie l’Eucharistie, le « Saint Sacrement » présence de Dieu au milieu de son peuple..

Écartons tout d’abord toute interprétation matérielle. L’Eucharistie n’est pas faite pour nous apporter la présence matérielle du Christ. Il est présent dès que deux ou trois se réunissent en/ son nom, quand nous sommes unis dans la foi. (Mt 18/20). C’est dire que le pain et le vin « consacrés » ne sont pas les seuls signes de cette présence. Le signe est avant tout le rassemblement du peuple croyant rassemblé pour faire mémoire de la Pâque du Christ : dernier repas, mort et résurrection.

Pratiquer, c’est à dire venir à l’église le dimanche dans ce but, ce n’est pas à prendre à la légère.

Les croyants entrent alors dans la formation du Corps du Christ. Le signe devient parfait quand ils partageront le Christ donné en nourriture. Le signe sensible qui nous vient du Christ est le déroulement de la célébration qui a pour centre ce que le Christ a fait lors du dernier repas. Ce qui l’entoure, en particulier les lectures, a pour but de révéler que ce don est l’accomplissement de toute l’histoire biblique et s’incarne dans notre propre vie.

Refaire cela en mémoire du Christ, ce n’est pas se contenter de répéter un rite, c’est entrer dans un courant de vie donnée pour nos frères, au long des jours.. Ce que Jésus a fait, nous avons à le faire. Nous ne le faisons pas seuls, car il nous donne de le faire, Il est avec nous, et c’est pourquoi l’Eucharistie est action de grâces. Tout découle du don du Christ.
Mais pourquoi passer par du pain et du vin ? Parce qu’ils sont le signe de tout ce qui nous maintient en vie. La nourriture met en jeu tout notre rapport à la nature et à la communauté des hommes. Ce que nous offrons, c’est « le fruit de la terre et du travail des hommes ». C’est tout ce que nous apportons par notre travail, sous toutes ses formes.

Au sud de Lyon, le long du Rhône, sur une dizaine de kms, il n’y a que des usines, jusqu’à la raffinerie de Feyzin. La nuit, quand on découvre cela des hauteurs de Saint Fons, c’est un spectacle extraordinaire. C’est là que j’ai entendu un théologien bien connu, le P. Martelet, déclarer un soir : « c’est l’Eucharistie du monde moderne ».
Il ne voulait pas dire qu’il fallait se mettre à genoux devant une usine, mais il est bien vrai que lorsque nous adorons le Christ dans le Saint Sacrement, nous ne devons pas oublier ce qu’Il accomplit aujourd’hui dans la vie des hommes et qu’il nous demande d’accomplir avec Lui.

19/8/18

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre