Homélie
Prière universelle
Homélie du P. Henri Imbert

Il en est de ceux qui sont dans la synagogue de Capharnaüm comme de ceux qui mangent des rillettes. Vous, moi, nous mangeons des rillettes, de ces rillettes banales, ordinaires, industrielles. Et il y a ceux qui mangent de ces rillettes qui leur permettent de montrer qu’ils n’ont pas les mêmes valeurs. Eh oui, la publicité nous a habitué à ce slogan que de manger de ces rillettes, dont le nom s’écrit en deux mots, permet de manifester, et cela dit sur un ton supérieur, « nous n’avons pas les mêmes valeurs ! ».

Il en est ainsi à Capharnaüm. Il y a ceux qui sont du monde, rassemblés pour l’office du sabbat, et il y a ceux qui appartiennent au monde spirituel, esprit impur comme il est dit d’eux. Et la grande différence qui existe entre ces deux mondes, c’est que l’un est dans l’interrogation sur la personne de Jésus : « qu’est-ce que cela veut dire ? », un monde qui s’interroge sur l’origine de l’autorité de Jésus, un monde frappé par son enseignement, un monde qui découvre que cet enseignement n’est pas répétition d’un commentaire sur un enseignement qui n’était déjà qu’un enseignement sur un commentaire, mais voici un enseignement qui professe une nouveauté radicale : « les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche : convertissez-vous », comme il était dit dans l’évangile de dimanche dernier. Et cet enseignement est accompagné de signes qui manifestent l’autorité de Celui qui proclame cet enseignement : « il dit et cela se fait ». Et il y a cet autre monde qui sait qui est Jésus, Celui qui enseigne avec autorité. Il est « le Saint de Dieu », et même ils connaissent son projet, son dessein, ce pour quoi il a été envoyé par Celui par qui il a été envoyé : perdre, réduire au silence, renvoyer dans les ténèbres Celui qui prétend que tout pouvoir lui a été donné sur le monde. C’est ainsi que déjà, en cette première journée de prédication, s’engage dans cette synagogue de Capharnaüm, la confrontation, le combat contre ce monde spirituel qui tourmente l’homme. Et Jésus est là pour rendre à l’homme sa dignité en réduisant à néant le pouvoir de cet esprit impur. Deux mondes qui s’affrontent : l’un voulant garder son emprise sur l’homme, l’autre désireux de rendre à l’homme sa liberté en réduisant au silence celui qui prétend dominer le monde. Oui, vraiment, l’un et l’autre de ces mondes n’ont pas les mêmes valeurs !

Pour l’instant, Celui qui est sorti du monde de Dieu pour entrer dans le monde des hommes réduit au silence celui qui prétend détenir le pouvoir sur le monde. Ce qu’il vient de dire est juste ; oui, l’autorité de Celui dont il se sait l’adversaire est bien du fait qu’il est « le Saint de Dieu », mais pour l’instant il n’est pas question de le laisser dire. Toute la vie de Jésus sera un combat contre l’esprit impur, et à chaque fois cet esprit sera réduit au silence jusqu’au moment de la mort de Jésus, ce jour où le voile du sanctuaire se déchirant de haut en bas, laissera apparaitre Jésus comme Celui qui aura vaincu définitivement l’esprit impur. Ce jour là alors pourra être proclamé l’identité de Celui qui aura réduit au silence et expulsé du monde, celui qui a la prétention d’avoir le pouvoir sur le monde. Et ce jour là ce n’est plus l’esprit impur qui proclamera cette identité, celle de Jésus, « le saint de Dieu », mais un homme, un païen, un étranger, un romain, ce centurion qui devant la manière que Jésus aura eu de mourir, pourra dire : « vraiment cet homme était fils de Dieu ».

L’esprit impur pourra considérer, lors de la mort de Jésus, avoir vaincu son autorité, lui qui pour l’instant réduit au silence celui qu’il possède. Mais le voici poussant un grand cri, un peu comme lors d’une naissance, pour une vie animée par l’Esprit de Dieu. Ce qui provoque alors la stupeur de l’assemblée, mais après  la mort de Jésus, lui aussi ayant poussé un grand cri, la confession de foi du centurion au pied de la croix sera le signe que l’esprit impur sera vaincu et que Jésus est bien « le Saint de Dieu », offrant au monde l’Esprit de Dieu. Le professant  comme « le Saint de Dieu » : s’ouvrira alors le temps d’annoncer au monde que l’esprit impur a été vaincu par la mort et la résurrection de Jésus, signe par excellence de l’autorité de son enseignement.

Dans quelques instants, à notre tour, nous allons professer notre foi en Jésus, Christ, le Fils Unique, notre Seigneur. Disant ceci, nous savons que nous disons ce que le monde ne dit pas, ou pas encore, et pourtant nous le disons dans le monde, bien que depuis notre baptême nous ne soyons plus du monde. Oui, vraiment, bien que dans ce monde, sous le pouvoir de l’esprit impur, nous pouvons dire que « nous n’avons pas les mêmes valeurs ».

 Prière universelle

Le Christ nous libère des puissances du mal.
Prions-le faire jaillir la vie partout dans le monde.

Prenons dans notre prière les pasteurs de l’Église, les parents, les catéchistes,
tous ceux qui ont mission de transmettre l’Évangile…..
Et demandons aux Seigneur de leur donner les mots pour dire la foi aujourd’hui.

R/ Seigneur écoute-nous, Seigneur exauce-nous ! I 32

Prenons dans notre prière les peuples brisés par la guerre aujourd’hui,
en Ukraine, En Terre sainte à Gaza, au Soudan et tant d’autres pays.
Et demandons au Seigneur que des chemins puissent s’ouvrir pour une paix juste.

Prenons dans notre prière ceux qui s’engagent au quotidien
aux côtés des pauvres, des migrants, des exclus
Et demandons au Seigneur de soutenir leur efforts pour la justice
et que grandisse l’espérance d’une terre fraternelle.

Prenons-nous les uns les autres dans la prière avec ceux qui habitent notre cœur
Et demandons au Seigneur de nous libérer de ce qui entrave notre marche à sa suite.

Seigneur Jésus, Toi le Saint de Dieu
Par ta mort et ta résurrection
Tu nous délivres de tout mal et tu nous donnes la vie,
Exauce nos demandes Toi qui règnes pour les siècles des siècles.
Amen

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre