Homélie
Prière universelle
 Homélie du P. Henri Imbert

Qui donc est le premier personnage connu pour avoir planté une vigne, avoir bu de son vin et s’être enivré ? Remarquez c’est très vieux, bien avant l’invention du slogan « Boire est dangereux pour la santé, à consommer avec modération » Qui donc alors ? C’est Noé, eh oui !, l’homme qui a construit l’arche qui porte son nom, celui qui a été épargné du déluge, lui, sa famille et un couple d’animaux par espèce. Cet homme, connu par le chapitre 9 de la Genèse a aussi planté une vigne, a bu de son vin, et ne connaissant pas les conséquences de sa trouvaille, a consommé du fruit de sa vigne sans modération, s’est enivré et a été retrouvé nu par ses trois fils.

Et depuis la fin du déluge, dans la Bible, il est connu que c’est un bienfait que d’avoir une vigne et d’en récolter les grappes : c’est là une culture qui demande du temps avant les premières récoltes : c’est donc une culture qui nécessite d’être installé sur une terre. Avoir une vigne indique un contexte de paix, une situation de résidence, d’être établi avec une promesse de futur : on n’est plus nomade lorsqu’on a une vigne. Avoir une vigne permet la joie : le fruit de la vigne est présent à la convivialité, mais à consommer avec modération !

Dans la Bible, la vigne va devenir le symbole du peuple de Dieu :

elle permet de rappeler que le peuple migrant qu’il a été, est maintenant  installé sur la Terre promise. Passant de l’Egypte à la terre de Canaan, il devient florissant et produit du fruit, à l’image de ces grappes que les émissaires du peuple vont découvrir lors d’une intrusion sur la future terre. Celui qui développe le plus cette image de la vigne, c’est le prophète Isaïe qui va faire de Dieu, le viticulteur, mais très vite confronté à un peuple qui ne va pas produire le fruit qu’il en attend : ce ne sera que du verjus, de la piquette, du vin aigre ; pourtant Dieu a prodigué à sa vigne de tous les soins possibles.

Se basant sur cette image métaphorique biblique, Jésus va se présenter comme étant lui-même la vigne. Dieu est toujours le viticulteur qui veille à la bonne santé de sa vigne. Les sarments représentent les disciples et la production de fruits dépend de l’union visible de ces derniers avec le cep : le Christ lui-même.

Voici deux dimanches durant lesquels la liturgie, à partir de l’évangile selon St Jean, reprennent des images de l’A.T.,  et les appliquent à Jésus : Dimanche dernier, celle du Bon Pasteur, aujourd’hui celle de la vigne. Dieu comme berger, Dieu comme vigneron. Le point commun de ces deux images bibliques c’est d’être reprises par Jésus, qui se les applique à lui-même, avec cette particularité de les ouvrir par un « moi, je suis ».  « Moi, Je Suis », comme chacun de nous peut ainsi donner son identité : « je suis untel », mais ce « Moi, Je Suis » est avant tout le nom même de Dieu, celui qu’il révèle à Moïse au buisson ardent : « Je suis ». Et là tout est dit. Comme moi, dit Jésus, « je suis » : tout est dit : Il est de Dieu, il est Dieu !

Une image, des images que Jésus utilise et qui font appel au vécu de ses auditeurs : le berger, la vigne. Le berger et ses brebis qui sont visibles pas loin d’ici, sur la commune de Tancrou ; quant à la vigne, à 15 kilomètres d’ici, commence la région Champagne et c’est là une culture qui nous est connue.

« Je suis » + une image, suivis d’une interpellation de l’auditeur de cette Parole : « celui qui … » - « celles-ci … ». « Celui qui demeure en moi, comme le sarment demeure sur le cep » - « celles qui écoutent sa voix, il les connaît comme étant ses brebis, les appelle chacune par leur nom ».

Toujours le parallèle entre ces deux images : le fait de demeurer sur le cep, le fait d’être à l’écoute de la voix de celui qui vous appelle par votre nom, a pour conséquence la vie : la vie donnée, la vie reçue, la vie produite : « celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, celui là donne beaucoup de fruit » - « Moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance ».

Tout par ces images permet à Jésus d’orienter ses auditeurs vers la vie. Et l’évangéliste Jean insistera 5 fois encore, donc cela fera 7 images, pour nous présenter l’appel, l’offre, le don de la vie par Celui que le Père a envoyé pour que l’homme ait la vie et qu’il l’ait en abondance :

= « Je suis le Pain de la vie. Celui qui mange de ce pain aura la vie en abondance ;
= Je suis la Porte ;
= Je suis la lumière du monde ;
= Je suis la Voie, la Vérité et la Vie ;
= Je suis la résurrection et la Vie : Celui qui croit en Moi, ne mourra jamais »
.
Affirmation à laquelle Jésus ajoute à l’égard de Marthe, la sœur de Lazare : « crois-tu cela ? »

Oui, à chacun de nous s’adresse aujourd’hui ce « crois-tu cela ? » - crois-tu que «  Moi, je suis la vigne et vous les sarments, ». « Crois-tu cela ? » Crois-tu que Dieu est du côté de la vie ? Crois-tu, semble dire Jésus, que Dieu est Père, donc source de vie. Crois-tu que le Père qui a ressuscité Jésus révèle de cette manière de quelle vie il vient nous parler par la voix de son Fils Jésus : une vie qui n’évacue pas pour autant la mort, mais une vie pour un au-delà de la mort ; en même temps qu’une vie qui déjà, ici, maintenant,  se manifeste par les fruits que produisent ceux qui demeurent attachés au cep qu’est ce Fils, recevant de lui, dès aujourd’hui, la source même de la Vie : « celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit ».

« Moi, Je suis la vigne et vous les sarments», nous dit Jésus. Aussi crois-tu que tout sarment qui porte du fruit est signe qu’il demeure en lui et reçoit de lui la vie, sans modération ? « Oui, crois-tu cela ? »

Prière universelle

Prions Dieu, notre Père, qui connaît toutes choses,
sans qui nous ne pourrions rien faire.

Pour l’Église,
afin qu’elle avance avec l’assistance de l’Esprit Saint,
qu’elle reçoive la sève nouvelle et porte du fruit en ce temps pascal,
Prions le Seigneur.

R/ I 20 Dieu d'amour, entends notre prière !

Pour les responsables des nations,
afin qu’ils trouvent des solutions au drame de la guerre
et à celui des migrants qui fuient leur pays au risque de leur vie,
Prions le Seigneur.

Pour tous ceux que la souffrance plonge dans le désespoir,
afin qu’ils découvrent que Dieu est plus grand que leur cœur
et qu’il veille avec sollicitude comme le vigneron sur sa vigne,
Prions le Seigneur.

Pour nous tous ici rassemblés,
afin que nous soyons vraiment les disciples du Ressuscité,
animés de son Esprit, vivants de sa Vie, en nous aimant les uns les autres,
Prions le Seigneur.

Père très bon, exauce nos prières,
Par Jésus Christ notre Seigneur. Amen.

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre