Homélie du P. Michel
Entendre l’évangile, l’écouter, ce n’est pas écouter n’importe quelle lecture, mais c’est accueillir une parole de révélation qui projette une double lumière, sur nous même et sur Jésus.
Nous savons bien des choses sur nous-même, mais il y a aussi ce que nous ignorons, ce que nous préférerons ne pas voir, ce qu’une honnête médiocrité nous empêche de voir, avec ce rappel de Jean à l’église de Laodicée :
« Tu n’es ni froid ni bouillant, mais parce que tu es tiède je vais te vomir de ma bouche. Parce que tu dis : je suis riche, je n’ai besoin de rien, tu ne sais pas que tu es misérable, pitoyable, pauvre aveugle et nu »
Nous savons bien que nous ressemblons tous à ce sourd muet. Tous, même les disciples de saint Benoît. Est-ce pour rien que le premier mot de la Règle est précisément «écoute » ?
Homélie du P. Michel
Pourquoi Jésus s’en prend-il aux pratiques de pureté rituelle ? En principe elles ne sont pas mauvaises. Souvent inspirées par l’hygiène, elles peuvent avoir un sens spirituel. Ce qui est pur, c’est ce qui est sans mélange. Le vin pur vaut mieux que celui qui est mêlé avec de l’eau. Mais le rite peut se priver de son sens. Il ne vaut rien s’il ne vient pas du cœur.
Or le contraire de la pureté du cœur,
c’est la duplicité, le mensonge.
Quand la foi se cantonne dans le culte, les dévotions, mais ne passe pas dans la vie, il y a duplicité, impureté. Pourtant, qui peut s’affirmer exempt de toute duplicité, de tout « paraître » dans le domaine religieux ? Le reconnaître, le regretter, le confier à Dieu, c’est déjà prendre un chemin de purification.
Homélie du P. Michel
Aucun d’entre nous n’aime être remis à sa place, que soit découvert ce qui se cache en nous, souvent même sous la surface des bons sentiments ou de bonnes raisons. A Capharnaüm Jésus, Parole vivante en notre chair, nous révèle que notre vérité est de nous livrer aux autres pour, comme lui, être leur nourriture. Un réflexe de défense nous pousse à ignorer le sens profond à les refuser en les enfermant dans leur sens matériel. Il reproche à ses interlocuteurs de prendre ses paroles « au sens charnel », ce qui ne sert à rien, au lieu de les reconnaître comme « esprit et vie », ce qui va trop loin pour qu’ils l’acceptent.
Ainsi à toutes les époques, les hommes ont préféré hausser les épaules plutôt que d’accepter le message qui nous dit que l’on ne sauve que ce que l’on donne, y compris notre propre vie. Bien entendu on peut recourir à une ruse plus ou moins consciente. Plutôt que de faire nôtres les attitudes du Christ tour au long de sa vie, y compris au point culminant de la Croix, on peut se contenter du rite eucharistique : on va à la messe, on communie et tout est dit, mais pas grand chose n’est fait, car il faut aller plus loin que ce comportement religieux pour parvenir à la foi dont il est l’expression.
Les rites ne sont là que pour nous introduire à la conformité avec ce que le Christ a été.