La liturgie des jours saints nous donne le temps de vivre pas à pas les derniers moments du chemin terrestre de Jésus.
Ce temps particulier permet de vivre plus intensément, plus profondément le compagnonnage avec Jésus,
qui ultimement et chaque jour donne sens à nos vies.
Aujourd’hui, six jours avant la Pâque, nous avons entendu l’annonce de la mort de Jésus. On ne peut ignorer, car elle est comme ce parfum qui se répand dans la pièce (Jn 12, 3), et nous avons également entendu le projet crapuleux de supprimer Lazare. Davantage, à partir de jeudi saint, nous vivrons plus longuement la liturgie, non par goût du théâtre mais pour se laisser imprégner par la grâce que le Seigneur veut nous donner.
Dans ces jours saints, la grâce se déploie, et nous permet de découvrir plus personnellement Jésus, la vérité de nos vies.
Nous avons vécu un certain nombre de Carême et de temps pascal, mais nous arrivons aussi, au seuil de cette semaine sainte, avec une attitude intérieure ou des demandes particulières.
Cette semaine n’est pas celle de l’année dernière ou d’il y a dix ans, c’est celle de cette année.
C’est là que le Seigneur veut nous rejoindre.
Laissons-le agir en le suivant dans sa Passion et acceptons la place qu’il nous donne.
Tout a commencé par un malentendu lors de cette entrée à Jérusalem ; C’est un drôle de roi qui est entré, sur une ânesse, une monture peu glorieuse, même quand il faut accomplir l’Écriture, une monture qui ne lui appartient même pas, avec comme escorte une foule de Galiléens, ces gens mal vus de ceux de Jérusalem. Rien de bien triomphal, tout aussi déconcertant que la crèche de Bethléem.
Mais pour les apôtres c’est enfin l’accomplissement de ce qu’ils espéraient. Jésus prend possession de la ville royale, la cité de David, la ville sainte où il doit inaugurer le Règne de Dieu.
Mais on est en pleine méprise. Il en va souvent de même avec les foules qui poussent en avant un homme fort, un leader politique : combien d’exemples dans l’histoire à la naissance des dictatures ! Les faibles ont plus que d’autres besoin d’un pouvoir fort.
Ici la foule va devoir mettre sa foi en un Christ crucifié.
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Jésus vient de nous parler de ce qui va se passer. Il le fait en terme de glorification, un mot qui n’a pas tout à fait le même sens dans l’Écriture que dans notre langage habituel, où il évoque surtout la renommée. Dans la Bible il est associé à l’idée de poids, de ce qui a valeur en lui-même, et non seulement dans les apparences. Quand on parle de la gloire de Dieu, il s’agit de Dieu lui-même, en tant qu’il se manifeste. La révélation essentielle de l’évangile est que cette gloire est tout entière présente en Jésus. La gloire de Dieu est « sur sa face » dira saint Paul. Lui rendre gloire, c’est croire en lui, lui faire une confiance absolue.
Dieu va glorifier son Fils, qui jusqu’alors a été ignoré, contesté, pris pour un autre. La question de son identité parcourt tout l’évangile de Jean. Maintenant, il va être révélé, proclamé. Élevé de terre il attirera à lui tous les hommes. Tous les hommes, y compris ces étrangers qui sont justement là, comme les Mages, désireux de le voir. Ce qu’ils savent de lui tient à ce qu’ils ont entendu, un homme qui parle vrai, proche de tous, capable de guérir. Mais ils veulent se rendre compte par eux-mêmes. Ils sentent sans doute qu’en Jésus quelque chose leur échappe. Ce qui leur échappe est encore à venir et pourtant bel et bien là, en face d’eux. « L’heure est venue ». Le terme maintenant revient trois fois.