Encore une fois, le maître est parti. Ainsi commence l’évangile depuis plusieurs dimanches.. Il ne nous abandonne pas pour autant. Nous avons ici des consignes. D’autres fois ; il nous laisse gérants de ses biens, de sa maison.
Ceci se rapporte évidemment à la situation des années qui suivirent la mort et la résurrection du Christ, alors que certains pensaient à un retour imminent. Au bout de quelques décennies il fallait bien se rendre à l’évidence : ce retour n’était pas pour tout de suite, et l’on s’est souvenu alors de ce que Jésus en avait dit, pour essayer de mieux comprendre ce temps dans lequel on venait d’entrer, celui de l’attente.
On peut attendre de bien des manières,
dans l’impatience,
dans l’angoisse,
dans la joie de l’espérance.
Un roi, c’est celui qui a le pouvoir de décision. Dans l’Antiquité, il avait à la fois le pouvoir législatif et exécutif. Parler de royauté divine signifie qu’il n’y a aucun pouvoir supérieur à celui de Dieu. Mais la bible nous montre le Créateur confiant l’univers à l’homme : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez la ». Dieu se dessaisit donc de son pouvoir en faveur de l’homme. Mais ce dernier va se trouver affronté à bien des forces qui le dépassent, à commencer par celles qui commandent les phénomènes naturels. Il faudra qu’il apprenne à les connaître, les désarmer, les utiliser. Nous sommes encore loin de compte !
Affirmer que Dieu est le roi de la création revient à dire que nous ne sommes quand même pas abandonnés par lui, mais qu’Il est là, à l’œuvre avec nous, même si nous n’avons pas fini de déchiffrer le mystère de sa Royauté.
Une parabole archiconnue ! On l‘interprète souvent dans le but de développer nos aptitudes, oubliant que Jésus n’est pas venu d’abord pour nous donner des leçons de développement personnel, mais pour nous faire connaître le Père.
Quelques remarques pour commencer :
Le maître en donnant son argent à ses employés ne leur donne aucune consigne au sujet de son emploi. Il ne leur dit même pas de le faire fructifier. Ils auront à le découvrir d’eux-mêmes. C’est comme dans le Décalogue quand après nous avoir dit d’aimer, il ne nous est pas dit comment. Il indique seulement ce qu’il ne faut pas faire. Aimer ne peut pas être commandé de l’extérieur, cela doit venir de l’intérieur.
(Dans les confessions d’autrefois le prêtre entendait souvent : je n’ai pas tué, pas volé, je ne vois pas ce que j’aurais pu faire de mal…Il eut fallu entendre : j’avais faim et vous ne m’avez pas donné à manger, j’avais soif.. etc. Quelle réponse ai-je donné ? Une simple aumône ou un engagement plus sérieux ?)
La valeur de nos vies ne se mesure pas seulement au bien que nous avons fait, mais aussi à celui que nous n’avons pas fait. Il faut lire jusqu’au bout le ch.25 de st Matthieu ! Ce qui condamne le riche, c’est de ne pas avoir regardé Lazare affamé devant sa porte.
Mais là n’est pas le plus important dans cette parabole.