Homélie
Prière universelle
Connaître le Père
(Mt 25, 14-30)

Une parabole archiconnue ! On l‘interprète souvent dans le but de développer nos qualités, oubliant que Jésus n’est pas venu seulement pour nous donner des leçons de développement personnel, mais d’abord pour nous faire connaître le Père.

Quelques remarques pour commencer :

Le maître en donnant son argent à ses employés ne leur donne aucune consigne au sujet de son emploi. Il ne leur dit même pas de le faire fructifier. Ils auront à le découvrir d’eux-mêmes. C’est comme dans le Décalogue quand après nous avoir dit d’aimer, il ne nous est pas dit comment. Il indique seulement ce qu’il ne faut pas faire.

Aimer ne peut pas être commandé de l’extérieur,
cela doit venir de l’intérieur.

(Dans les confessions d’autrefois : je n’ai pas tué, pas volé, je ne vois pas ce que j’aurai pu faire de mal…Il aurait fallu entendre : j’avais faim et vous ne m’avez pas donné à manger, j’avais soif.. etc).

La valeur de nos vies ne se mesure pas seulement au bien que nous avons fait, mais aussi à celui que nous n’avons pas fait. Ce qui condamne le riche, c’est de ne pas avoir regardé Lazare affamé devant sa porte.

Mais là n’est pas le plus important dans cette parabole.

Pourquoi le troisième employé a-t-il  caché ce qu’il avait reçu ?  Il le dit : « Je sais que tu es un homme dur, tu moissonnes là où tu n’as pas semé. J’ai eu peur ». la Genèse dit la même chose dans un autre langage. Le serpent insinue à Adam et Eve que Dieu n’est pas un père plein de bonté, mais un surveillant qui veut les prendre en défaut. Il vous a dit que si vous mangez de ce fruit vous allez tout connaître, c’est faux. Il leur a tendu un piège, c’est un menteur. Alors ils prennent peur et se cachent. 

N’est-ce pas ainsi que souvent nous voyons Dieu, comme un maître exigeant, dont il faut apaiser le courroux ? Impossible d’imiter un tel Dieu, car il n’existe pas.

En cachant son talent, le troisième serviteur a agi selon cette fausse image de Dieu, il a choisi le néant et n’a rien fait fructifier.

Les deux premiers employés ont agi autrement, et voici de la nouveauté : ce qu’ils ont gagné, le fruit de leur travail. Créés à l’image de Dieu, nous sommes comme lui appelés à devenir créateurs, à faire naître du neuf, à partir de ce qui nous a été donné. C’est vrai pour toute la création, et en particulier pour l’homme. C’est la raison pour laquelle nous ne devons pas avoir peur du progrès scientifique ou technique, de tout ce que l’intelligence et l’art font surgir de l’esprit et de la main des hommes, même si la nécessité de maîtriser ce pouvoir apparaît de plus en plus.

Une dernière question : pourquoi Jésus a-t-il présenté deux serviteurs efficaces ? Un seul aurait suffi ?

Peut-être pour nous faire comprendre que chacun doit donner selon ce qu’il a reçu
et nous rassurer si nous ne faisons pas aussi bien que les autres.

La compétition a du bon, mais nous savons qu’elle peut aussi écraser et désespérer ceux qui font tout de travers. Ce qui nous est demandé n’est ce pas de croire en l’amour qui nous donne à chacun la fécondité dont nous sommes capables ? Tout cela ne pourrait-il pas se résumer dans la belle prière de l’offertoire :

« Je te bénis ô Père pour ce pain fruit de la terre, et ce vin fruit de la vigne, et du travail des hommes, nous te les présentons pour qu’ils soient le pain et le vin du royaume éternel »

M.S  15.11.20

Prière universelle  

Aujourd’hui, en ces temps troublés,
Dieu notre Père nous confie les biens de son Royaume à faire fructifier.
Prions-le avec confiance et espérance.

Prions pour le Pape, les évêques, les prêtres, les diacres
et tous ceux qui, avec enthousiasme et ardeur,
font fructifier le trésor de la Parole de Dieu.

I 26 d – « Seigneur, fais grandir notre foi ! »

Prions pour notre monde avec ses contradictions, ses luttes, ses violences,
afin que des hommes se lèvent, debout,
pour gagner le cœur de leurs frères en humanité.

Prions pour toutes les personnes qui donnent
leur temps, leur écoute et leur cœur
au service des plus pauvres et des plus isolés.

Prions pour que, malgré ce dimanche confiné,
nous cherchions à partager le don particulier que nous avons reçu,
pour la joie de tous.

Dieu notre Père,
nous te rendons grâce pour tous les biens reçus de toi
Accueille notre prière pour faire grandir ton royaume en ce monde.
Par Jésus le Christ notre Seigneur
Amen.

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre