Homélie
Prière universelle
Homélie du P. Désiré 

En ce deuxième dimanche de l’Avent, l’Eglise nous propose d’approfondir le thème amorcé dimanche dernier sur le projet bienveillant de Dieu pour l’humanité. Nous savons déjà que ce projet consiste à ce que nous devenions les fils adoptifs de Dieu en son Fils unique, Jésus-Christ (Rm 8, 14s ; Ga 4, 4s). Nous étions alors invités à nous revêtir « des armes de lumière » (Rm 13, 12) afin de savoir opérer les choix de vie qui s’imposent à nous. Et, aussi, nous étions invités surtout à nous tenir prêts et à veiller afin que « ce jour » où le Seigneur viendra réunir toutes choses en lui, selon son dessein bienveillant, ne nous surprenne pas comme au jour de Noé (Mt 24, 38-39).  

Veiller, c’est bien ! Mais, pour qu’advient l’aboutissement final du projet de Dieu, Jean Baptiste dans l’évangile nous convie à aller plus loin : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche » (Mt 3, 2). Se convertir, frères et sœurs, c’est changer son regard intérieur sur les réalités qui nous entourent et s’émerveiller de la présence de Dieu dans nos vies. Se convertir, c’est apprendre à regarder le monde avec des yeux intérieurs et se dire : « Dieu est là et il veut marcher avec moi ». Se convertir c’est, peut-être aussi, saisir la main du Seigneur qui nous est toujours tendue ou encore se laisser saisir par Sa main et nous y abandonner à la manière d’un enfant qui se sait tenue par la main par son Père, et qui marche au côté de Lui tout confiant et souriant.

Frères et sœurs, durant le temps de l’Avent, l’Eglise nous invite à revisiter l’expérience d’attente messianique vécue par Israël. Dans l’Évangile, nous voyons Jean Baptiste conduire son peuple à une rencontre responsable avec le Christ : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers » (Mt 3, 4). Il n’a qu’un seul objectif : amener les siens à changer leurs manières d’être et de se comporter. En d’autres termes, que tous ceux qui l’écoutent produisent des fruits dignes de la conversion (Mt 3, 8). Voilà pourquoi, à l’image des grands prophètes avant lui, il utilise un langage de sincérité tantôt doux et encourageant pour les humbles, tantôt dur et menaçant pour les orgueilleux.

Le message de Jean Baptiste, nous concerne certainement aussi aujourd’hui, nous qui vivons dans un contexte de doute nourri par les faux frères de l’intérieur de l’Eglise, de nos communautés et de nos familles. Le message de Jean Baptiste nous concerne parce qu’il nous invite à descendre de notre piédestal, nous qui croyons avoir « Abraham pour père » (Mt 3, 9) ou plutôt, nous qui nous disons « chrétiens dans l’âme » pourtant insensibles aux injustices autour de nous. Ce message nous concerne, lorsque, croyant être cachés, nous participons aux turbulences qui font tanguer la barque du Seigneur. Ce message nous concerne, nous qui alimentons le climat de suspicion autour de nous par de fausses rumeurs et/ou commentaires sans fondements qui détruisent nos familles, nos communautés. Ce message nous concerne, chaque fois que nous fermons la bouche, les yeux et les oreilles et devenons, par le fait même, solidaires du mal social qui sape la foi « des pauvres de Dieu », les plus petits que nous. A tous, à quelque niveau que nous soyons et à quelque niveau de responsabilité que nous ayons, Jean Baptiste nous dit : « convertissez-vous » (Mt 3, 2).  

L’Avent, frères et sœurs, est et doit être pour nous un moment fort pour revoir notre vie et notre conduite à l’égard de Dieu et de nos semblables. Que notre foi ne faiblisse pas car, « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5, 20). Laissons-nous, donc, régénérer par la présence sanctifiante de Jésus-Christ que nous recevons en chacune de nos eucharisties. En lui, nous recevons la force, la puissance unificatrice de l’humanité en enfant de Dieu.

Prions qu’il nourrisse en nous l’espérance d’une humanité nouvelle, où la connaissance du Seigneur prendra place dans nos cœurs. Prions qu’il nourrisse en nous cette espérance d’un monde nouveau, où personne ne sera jugé sur son apparence encore moins sur des rumeurs (Is 11, 3) ; prions qu’il nourrisse en nous l’espérance d’une terre nouvelle, où il n’y aura plus de mal ni de corruption (Is 11, 9) ; prions enfin qu’il accorde à chacun de nous durant ce temps de l’Avent, l’« esprit de sagesse, et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de Dieu » (Is 11, 2). Amen.

Prière universelle 

En ce temps de l'Avent, présentons au Christ
les attentes, les détresses, les espoirs de tous les peuples

Pour les personnes qui jugent sur les apparences,
Et pour celles qui scrutent les premières clartés de l’aurore
dans l’Écriture Sainte et les événements quotidiens,
Supplions Jésus, Joyeuse Lumière, de venir éclairer leurs regards.

R : I 14 : Viens Seigneur Jésus, viens

Pour les personnes qui corrompent la valeur de la parole,
et pour celles qui osent engager leur voix
dans les débats sur l’éthique, la justice ou l’annonce de l’Évangile,
Supplions Jésus, Parole faite chair, de venir délier leurs langues.

Pour les personnes que la peur empêche d’accueillir le pauvre, le faible, ou le frère
Et pour celles qui œuvrent jour après jour
à la fraternité et à la réconciliation
dans les zones de conflits, dans les familles et dans les communautés,
Supplions Jésus, Artisan de paix, de venir affermir leurs mains.

Pour nous qui sommes rassemblés
en ce temps d’espérance et de conversion,
Sous le regard de Marie,
Supplions Jésus de venir ouvrir nos cœurs au souffle de l’Esprit
jusqu’à ce que le désir de Dieu embrase tout notre être.

Seigneur Jésus, toi qui viens pour tout sauver,
viens à notre aide,
Et nous pourrons préparer tes chemins
Afin que tout homme puisse voir le salut de Dieu.
Toi qui règnes pour les siècles des siècles.
Amen

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre