Homélie
Prière universelle
Homélie du P. Désiré 

Noël est à nos portes, les luminosités scintillent partout, certains parmi nous ont même déjà leurs cadeaux prêts. Bref, tous les cœurs sont déjà aux célébrations futures. Les crèches sont sorties et sont désormais installées en bonne place ; quoi donc de plus normal que de célébrer ce dimanche : la joie comme son nom latin l’indique, « Gaudete ».  

Dieu auquel nous croyons, frères et sœurs, est un Dieu qui nous veut heureux. Voilà pourquoi, il veut nous rassembler tous en son Fils Jésus.  Dans la préparation de Sa Venue, la semaine dernière, nous avons vu que l’Avent doit être et est pour nous un moment fort pour revoir nos vies et nos conduites à l’égard de Dieu et de nos semblables. Et Jean le Baptiste nous invitait tous à nous convertir afin d’accueillir l’« Emmanuel » avec un cœur léger sans encombre. Mais ce dimanche, Jean, celui-là même qui nous invitait à la conversion et que Jésus appelle « le plus grand de ceux qui sont nés d’une femme » (Mt 11, 11), est plongé dans un profond doute.  

Frères et sœurs, Jean le Baptiste n’est pas le seul à avoir douté sur la personne de Jésus.

Le doute a accompagné Jésus tout au long de sa vie. Il s’est manifesté de différentes manières notamment chez les apôtres et ces disciples. Il y a eu le doute sur ses origines, on se souvient de la cinglante question de Nathanaël lorsque, Philippe, l’un des premiers disciples, l’invitait à venir à la rencontre de celui dont on parle dans la loi de Moïse et chez les prophètes : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? »(Jn 1, 46). Il y a eu le doute comme manque de confiance dans la tempête apaisée (Mt 8, 23-27) et Jésus s’est senti obligé de s’interroger sur leur peu de foi : « Pourquoi êtes-vous si craintifs hommes de peu de foi ? » (Mt 8, 26). Comment ne pas nous souvenir du doute sur sa résurrection personnifié en la personne de Thomas, l’apôtre : « si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas » (Jn 20, 25). Il y a eu, surtout, le doute sur sa personne traduit par le décalage entre l’attente du Messie et la façon de réaliser de Jésus. Le peuple d'Israël attendait un Messie-Roi qui allait venir le libérer de la domination extérieure et faire établir un Règne de justice et de paix. Mais voilà que, ce Jésus, que Jean le Baptiste a désigné et présenté comme « l’Agneau de Dieu » (Jn 1, 29 :36), ne fait rien comme les maîtres avant lui. Il suscite alors des interrogations chez les pharisiens qui demandent à ces disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » (Jn 8, 11). Bien plus, lui-même reconnaît qu’on l’appelle « glouton, ivrogne, ami des publicains et des pécheurs » (Mt 11, 9). Qui es-tu, Jésus ? On a envie de lui demander. Jean le Baptiste se serait-il trompé dans ces prophéties sur toi ?

Frères et sœurs, Jean, le cousin du Messie, est en prison et souffre dans sa chair et son mental a aussi certainement pris un coup ; des nouvelles qu’il reçoit depuis ce lieu d’asile ne l’assurent certainement pas, alors l’angoisse le submerge. Il a besoin de sortir de cette angoisse et surmonter ses inquiétudes. Alors, depuis sa prison, il envoie ses disciples à aller demander à Jésus : «es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ?» (Mt11, 3). Quelle terrible question à entendre d’un frère !

Ce qui arrive à Jean le Baptiste dans le récit que nous avons écouté, arrive souvent aux croyants et peut arriver à tous chrétiens. Qui n’a jamais expérimenté l’abandon ou l’absence de Dieu à un certain moment de sa vie ? Si la liturgie nous propose de méditer sur ce texte en ce dimanche de la joie, c’est peut-être parce que le doute est un mal être qui enlève la joie à celui qui en souffre. Dans le doute, on ne peut pas progresser spirituellement ; plus on dure dans le doute, plus on perd la joie de vivre et même notre capacité à socialiser.  

Aujourd’hui, Jean le Baptiste, par sa démarche, nous montre comment nous comporter dans des moments de silence de Dieu ou tout simplement de doute dans la vie quotidienne : aller à la rencontre de la personne source de notre doute et éviter de nous faire notre opinion personnelle sur la base des rumeurs. C’est, justement, ce qu’a fait Jean en envoyant ses disciples à Jésus lui-même. La démarche de Jeans est une marque de confiance pour la personne de Jésus ; et la foi, c’est aussi cela : la confiance en Dieu. Cette confiance-là nous induit à faire attention à notre manière de parler de Dieu mieux de toute personne objet de notre doute. Aller à la rencontre de cette personne-là pour avoir des informations de première main rassure chacune des parties et apporte de la sérénité dans les relations. Que ce temps de préparation de l’Avenue du Messie soit pour nous un grand moment pour dissiper nos doutes et peut-être aussi pour resserrer les liens d’amitié brisés par des rumeurs.

Si la liturgie nous propose de méditer sur ce texte en ce dimanche de la joie, c’est peut-être aussi pour nous encourager à être de « bons témoins » ; car, peut-être est-ce par manque de ces « bons témoins » que ceux qui cherchent la foi sont scandalisés. Ils ne trouvent pas de modèles inspirants sur la foi desquels s’appuyer tant les comportements des chrétiens sont à mille lieux de la Justice et de la miséricorde. Voilà qui justifie peut-être le sens de la réponse de Jésus aux disciples de Jean le Baptiste : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez » (Mt 11, 4). Et toi ma sœur, mon frère, quel témoignage donnes-tu au monde en tant que baptisé dans l'Église du Christ ?

Plaise au Seigneur qu’en ce temps qui nous reste de préparation à la venue de l’Emmanuel, que nous soyons de « bons témoins » de la présence de Dieu au milieu de nous. Plaise à Dieu que nous procurions de la joie autour de nous.

Prière universelle 

Dans l’attente de Celui-qui-vient pour tout sauver,
prions pour notre monde en souffrance.

« Voici que j’envoie mon messager en avant de toi. »
Pour que l’appel du Pape François à construire la paix
soit entendu de tous les hommes de bonne volonté,
Prions le Seigneur.

R/ Seigneur Jésus viens nous sauver.

"Que se réjouissent désert et terre aride. »
Pour que la solidarité entre tous les peuples
joue en faveur des pays pauvres où sévit la famine,
Prions le Seigneur.

« Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. »
Pour que les responsables politiques et économiques ne restent pas insensibles
à la détresse de ceux qui fuient leur terre natale
ainsi qu’à l’angoisse des jeunes générations face à la crise climatique.
Prions le Seigneur.

« Un bonheur éternel illuminera leur visage. »
Pour que ce temps de l’Avent soit un temps de grâce
pour « enlever nos masques »
et vivre dans la vérité, la simplicité et la joie des enfants de Dieu.
Prions le Seigneur.

Seigneur Jésus, notre espérance et notre joie,
daigne exaucer notre prière,
toi qui règnes pour les siècles des siècles.
Amen

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre