Le début du chapitre commence par une déclaration : « Je suis la porte des brebis » Plusieurs images suivent : la voix, la main. Nous pouvons penser à la porte étroite de Mt 7, celle qui conduit à la vie, passage obligé par les portes de la mort. En bon berger, Jésus a franchi ces portes de l’enclos qui nous retenait pour partager notre vie, nos servitudes. Puis il est sorti le premier pour nous conduire vers les verts pâturages de la liberté.
Il n’y a pas d’autre porte que celle de Pâques, de la mort et de la résurrection du Christ . Ceux qui veulent faire le mur ne sont que des voleurs qui cherchent à prendre notre vie en nous enrôlant vers d’autres enclos.
Une fois sortis, nous sommes invités à ne pas oublier l’enclos et à y rentrer, non par peur, mais pour nous y comporter à la façon de Jésus, en travaillant à la libération de nos frères. La libération des captifs nous y pensons souvent à propos des otages, mais il faut aussi y travailler autour de nous en commençant par nous-mêmes.
On a l’impression que ça recommence comme avant. Les filets sont vides. Puis cet appel venant du rivage : « les enfants avez-vous quelque chose à manger ? »
Comme c’est curieux.
A chaque fois que Jésus entre en relation avec nous,
il ne dit pas : « Je t’apporte la vérité, la tranquillité, une bonne place »,
mais « j’ai faim, j’ai soif comme à la samaritaine…De quoi discutiez vous tout en marchant, aux deux hommes sur la route d’Emmaüs…Asseyez vous, reposez vous un peu, à ceux qui reviennent de mission. C’est maintenant qu’il nous rejoint. C’est ce qui l’intéresse, ce que nous vivons maintenant.
Face à la question de Jésus, les disciples ne sont pas bien fiers. Non, ils n’ont rien, ni nourriture ni poisson. Peut être n’ont-ils pas su s’y prendre ? Il fallait jeter le filet de l’autre côté. L’homme sur le rivage le leur demande. Et c’est le miracle, les 153 gros poissons, Jean a tout de suite compris : « c’est le Seigneur !». Pierre se jette à l’eau, et le dialogue s’engage...
« Pauvre saint Thomas ! ». Le refrain est bien connu. Il est devenu comme le symbole du doute. Tant de tableaux, dont certains chefs d’œuvre, nous le montrent plaçant les doigts dans les plaies du Christ : un esprit fort, contraint de se rendre à l’évidence et de s’incliner.
Or sa difficulté de croire n’est pas celle d’un personnage unique. C’est aussi celle des disciples eux-mêmes, montrant qu’ils n’ont pas affaire à une supercherie, mais à une réalité qui les dépasse.
Leur histoire n’est-elle pas la nôtre ?
N’avons-nous pas mille difficultés à croire, d’autant plus que, dans notre monde sécularisé, les supports religieux ont largement disparu. Il ne suffit pas de l’incendie de Notre Dame pour donner la foi, même s’il donne à réfléchir. Nous sommes confrontés en Occident à une crise de la foi sans précédent, celle de l’athéisme des foules. On a justement fait remarquer que cet athéisme n’est pas né dans les pays musulmans ou de religions bouddhistes ou hindoues, mais dans les pays chrétiens. Un phénomène étonnant.
A nous de nous souvenir que le christianisme n’est pas une religion comme les autres.