« Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez la route »
A deux pas d’ici, sous le porche de la rue Montmorin, deux ouvriers paveurs ont travaillé à remettre la chaussée en état. Ils ont commencé par extraire les gros pavés en grès de Fontainebleau, travail pénible qui ne doit pas arranger la colonne vertébrale, un dur et beau travail, avant de tout remettre en place.
En les voyant, difficile de ne pas penser à Jean Baptiste que l’évangile nous présente comme une sorte de paveur en chef.
Autour de lui, toute une foule, des gens venus de Jérusalem, de Judée, de Samarie, tous dans l’attente d’un Messie. Depuis des semaines, des deux côtés de l’Atlantique, nous sommes aussi en attente d’une sorte de personnage messianique, un homme fort, puissant. Nous savons que pour beaucoup cette attente revêt un caractère tragique. Nous parlons beaucoup alors que des dizaines de milliers doivent fuir leurs maisons à Alep ou à Mossoul. Mais de tout temps les hommes ont désiré et choisi spontanément ce genre de dirigeants.
Jean Baptiste, qui annonce-t-il ? Le contraire !
Le Christ est venu, nous avons cru au message des apôtres en mettant au monde au milieu de nous, non sans peine, un monde nouveau. Au delà du nombre, plus ou moins grand, de nos assemblées, c ‘est toujours un grand peuple.
Et pourtant la liturgie nous renvoie en quelque sorte au point de départ, au temps de l’attente, celui de l’ancienne alliance, qui nous est si familier. N’est-il pas celui de nos insatisfactions, de notre fatigue de vivre, de la communion avec tous ceux qui, dans la détresse s’écrient : jusques à quand Seigneur ?
Mais n’est ce pas aussi celui des lendemains qui chantent, des promesses de tout programme d’avenir, des psaumes chantés dans la joie, de la venue de l’homme nouveau ?
Aux temps bibliques, il n’était pas de personnage plus puissant que le roi. Il était donc assez normal de parler de la royauté de Dieu, pour évoquer sa toute puissance. Il n’en serait plus de même aujourd’hui alors que d’autres formes de gouvernement se sont imposées un peu partout. On parle plus facilement d’un roi du pétrole que du Roi du ciel et de la terre !
Donc un titre ambigu quand nous l’appliquons à Dieu. Il est plus de l’ordre de la métaphore quand nous représentons Dieu assis sur un trône entouré d’une armée de serviteurs. Mais Jésus l’a accepté, devant Pilate par exemple quand celui-ci lui demande : « Alors, tu es Roi ? » - « Oui, je le suis, je ne suis né et je ne suis venu dans le monde que pour rendre témoignage à la vérité » (Jn 18/37). Alors aucune équivoque n’était possible, car Jésus se présentait devant lui comme un condamné dépouillé de toute dignité, abandonné de la plupart des siens. Difficile alors de le prendre au sérieux. Dans le récit que nous venons d’entendre, aucun détail sur la crucifixion proprement dite. Toute l’attention se concentre sur Jésus lui-même et les réactions des uns et des autres.
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