Homélie du P. Désiré
Dans la vie quotidienne, il y a un instrument indispensable que nous portons toujours avec nous : la clef. Elle est si importante que dans certaines traditions, pour l’installation d’un gouverneur, délégué ou maire d’une ville, il y a en bonne place la cérémonie de la remise symbolique de la clef de la ville. Par cet acte, on voudrait signifier que désormais cette personne a le pouvoir d’allées et venues sur cette ville. Empruntant aux paroles de Jésus que nous lisons dans l’évangile d’aujourd’hui : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la mort ne l'emportera pas sur elle » (Mt 16, 18), depuis le 16ème siècle, les insignes officiels du Saint Siège sont représentés justement aussi par les clés, en l’occurrence deux : une en or placée à droite et faisant allusion au pouvoir sur le royaume des cieux, et l’autre en argent, à gauche, indiquant l’autorité spirituelle de la papauté sur la terre. Tout un symbole qu’on a nommé « le pouvoir des clefs » pour signifier et justifier l’autorité qu’aurait le Pape, en tant que successeur légitime de Pierre. Cette posture a suscité beaucoup de controverses au temps de la Réforme notamment avec Luther qui soutenait que ce pouvoir ne concernait que le pardon ou non des péchés.
Frères et sœurs, sans entrer dans ces querelles qui ne nous intéressent plus aujourd’hui, le message de la parole de Dieu de ce dimanche nous permet de nous arrêter sur le « pouvoir des clefs ».
Homélie du P. Désiré
Frères et sœurs, la semaine dernière, le Seigneur Jésus nous invitais à chasser nos fantômes pour écouter sa voix inimitable qui nous dit, « c’est moi », « confiance », « n’ayez pas peur » et qui nous souffle toujours la direction à prendre afin qu’autour de nous, « amour et vérité se rencontrent » et que « justice et paix s’embrassent ». Aujourd’hui, la « logique de l’élection » est au centre de la parole de ce dimanche. Cette logique veut que Dieu ait choisi le peuple d’Israël pour se révéler à lui ; et qu’il revient au peuple élu de relayer cette révélation auprès des autres peuples.
En ce sens, saint Paul que nous avons lu dans la deuxième lecture s’était d’abord adressé prioritairement aux Juifs. Et, c’est seulement dans un deuxième temps, après son échec auprès de la majorité des Juifs, que Paul s’est tourné vers les païens. Jésus, dans l’évangile, se situe également dans cette logique de l’élection. En effet, c’est « aux brebis perdues de la maison d’Israël » (Mt 15, 24), dit-il, qu’il a été envoyé pour annoncer la venue du royaume de Dieu et en donner des signes par sa parole et par ses actes. Il va même plus loin en justifiant son refus d’intervenir pour les non-juifs représentés ici par une Cananéenne : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens » (Mt 15, 26).
Derrière cette « logique d’élection » se cache un problème de fond qui demeure encore aujourd’hui dans nos sociétés. Ce problème, c’est le rapport à l’étranger. Concrètement, il s’agit de savoir jusqu’où les communautés dites nationales ou locales doivent-elles aller pour accepter de s’ouvrir à ceux qui ne leur ressemblent pas ? Ceci nous amène alors à nous demander si Dieu a des préférences ou s’il aime tous les hommes ?
Homélie du P. Désiré
Frères et sœurs, aujourd’hui nous célébrons le 4ème mystère du Rosaire : l’Assomption, c’est-à-dire la montée au ciel de Marie. Pour nous chrétien, ce mystère par lequel Marie devient la première personne humaine à entrer directement, sans passer par la mort, dans la gloire de Dieu, est une occasion de joie et surtout d’espérance de pouvoir nous unir, nous aussi, un jour aussi au Christ. En ce jour donc, la liturgie nous donne de méditer sur la qualité de notre propre prière en contemplant celle de Maire : le Magnificat.
Après que Marie eut entendu les paroles de l’ange lui annonçant qu’elle enfantera le Fils du Très Haut, Luc nous dit qu’elle « se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée » (Lc 1, 39) pour rendre visite à sa cousine Élisabeth. Marie, portant en elle mystérieusement la présence de Dieu, entra donc dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Grâce à la foi de Marie qui a su dire « fiat », Élisabeth la reçut avec une bénédiction : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (Jn 1, 45). En guise de réponse aux paroles de bénédiction de sa cousine, Marie élève une prière, que nous appelons le Magnificat, pour exprimer son émerveillement devant l’action de Dieu pour elle et pour sa cousine, la dénommée « stérile », et présentement face à elle avec une grossesse fort avancée.
Les mots que Marie prononce pour sa prière, ne sont pas une invention propre à elle ; ces mots expriment des idées portées depuis longtemps par ses ancêtres dans la foi et répercutent leur tradition spirituelle. En reprenant l’héritage spirituel des siens, Marie nous laisse entrevoir une double leçon d’humilité et du sens communautaire.
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