Il est souvent question de moisson dans ce que nous venons d’entendre. Quand il en parlait, fidèle à sa terre natale, Jésus savait à quoi s’en tenir. En allant à Coulommiers mercredi, j’ai été surpris de voir qu’aucun champ n’était encore coupé. L’un de vous m’a heureusement renseigné il s’agit de terres humides, tardives, mais il n’en va pas de même au nord d’ici. Je ne voulais pas commettre d’erreur en commentant la Parole de Jésus.
Nous sommes en présence de trois paraboles concernant le règne de Dieu, mais trois paraboles avec des accents bien différents.
Dans la première, l’accent est mis sur le fait que la présence du mal dans le monde, représenté par le chiendent, ne doit pas nous empêcher de croire que Dieu agit, car l’élimination complète du mal ne se fera qu’à la fin des temps. Pour les disciples c’est la plus difficile à comprendre…
Dans la seconde, l’accent est sur le fait qu’il n’y a aucune commune mesure entre les actions de vie que nous posons maintenant et le résultat final que nous ne mesurons pas, comme ce fut le cas pour Jésus. Il a voulu rassembler le peuple juif dans l’unité, mais c’est l’univers entier qu’il a rejoint, comme le signifient les oiseaux qui se nichent dans les branches des arbres
Dans la troisième, l’accent est sur le fait que des forces de vie, infimes d’apparence et cachées, réussissent à tout transformer.
Quand l’évangile dit que Jésus parle en parabole, cela ne veut pas dire qu’il raconte une histoire, mais qu’il adopte une façon de parler particulière, par comparaisons, par images, tout comme à la radio où la retransmission d’un match de football ne se fait pas comme celle d’un concert de musique classique. Il y a dans la bible tout un livre de ces comparaisons, qui porte le nom de Proverbes (mashall en hébreu), une sorte de réserve pour ceux qui manquent d’inspiration. Mais chacune de ces comparaisons doit être interprétée. Les images frappent plus que les idées, mais elles ont pour but de faire réfléchir. Pas facile quand il s’agit du Royaume de Dieu, des réalités spirituelles. Comment parler à un aveugle de la beauté des fleurs ? On ne peut que multiplier les comparaisons avec ce qu’il connait déjà, faire appel aux autres sens. C’est pourquoi Jésus nous parle si souvent des réalités les plus quotidiennes de notre vie.
Aujourd’hui, il a pris cette comparaison du semeur, pour toute une foule rassemblée autour de lui, à l’étonnement des disciples qui s’attendaient à un langage plus direct, moins populaire.
« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange, car ce que tu as caché aux sages et aux puissants, tu l’as révélé aux tout-petits »
D’emblée nous voici devant un choix de Dieu qui suscite l’admiration du Fils, et nous plonge dans ce grand mystère de la révélation. Nous en connaissons, par l’Écriture, les grandes étapes, mais nous savons qu’elle ne s’accomplit qu’en Jésus Christ. En lui seul nous avons la connaissance du Père parce qu’il a tout reçu du Père. Lui seul est à même de nous le faire connaitre. Habitués que nous sommes à dire le « Notre Père » nous ne nous demandons plus guère comment nous pouvons donner ce titre à Dieu. Cette connaissance de Dieu comme Père n’est pourtant pas innée. Elle n’est pas non plus conquise, elle est reçue.