Il est des spectacles insoutenables, l’exposition des crimes hitlériens au Grand Palais, après la libération, le silence de la foule, tel tableau du Caravage, le baiser de Judas, ce récit de la passion pourtant réservé sur l’horreur. Aussi sommes nous pris par un mouvement de recul. Nous avons tant fait pour faire de la croix des bijoux, des œuvres d’art pour que cela ne soulève pas beaucoup d’indignation.
Or il nous faut bien regarder en face le spectacle de l’horreur.
« Ayant aimé les siens qui étaient en ce monde, il les aima jusqu’au bout ». Nous y sommes. C’est la que se délivre l’ultime vérité sur Dieu et sur l’homme. Serions-nous capables de regarder jusqu’au bout, comme le centurion ?
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Il est souvent question d’évangélisation de nos jours, y compris de nouvelle évangélisation. Se souvenir que l’on n’a jamais cessé d’évangéliser :
L’évangélisation est dans la nature même de l’Église : « Malheur à moi si je n’évangélise pas ! », disait saint Paul. Mais l’on peut s’interroger : Que cherchons nous dans l’évangélisation ?
Mais l’on reste alors dans une perspective bien humaine. On a alors recours aux moyens employés par n’importe quel groupe pour se maintenir et se développer. Avec le risque de se laisser gagner par l’esprit de secte, à des conditionnements propres à une idéologie, des propagandes plus ou moins cachées. Chaque religion a ses intégristes ou autres schismatiques. Nous avons les nôtres.
Avec saint Jean nous sommes au seuil de la vie publique de Jésus. Voici qu’un pharisien vient le trouver, de nuit, pour lui parler personnellement, tout comme le scribe dont il était question vendredi dernier. C’est déjà une première invitation à ne pas mettre tout le monde sous la même étiquette. Tous ne s’alignent pas forcément sur l’opinion commune.
Jésus lui parle d’une nouvelle vie, avec une nouvelle naissance, ce qui suppose de quitter l’ancienne.
C’est dans ce contexte que Jésus lui dit que le Fils de l’homme doit être élevé, comme Moïse a élevé le serpent d’airain dans le désert. C’était le rappel d’un moment difficile de l’exode dans le désert alors que des serpents venimeux décimaient le peuple. Il suffisait de regarder ce serpent que Moïse, sur l’ordre de Dieu, avait cloué sur un arbre pour être guéri . Le serpent et l’arbre faisaient penser à celui de la tentation, quand l’arbre est devenu signe du mal, de la défiance de l’homme vis à vis de Dieu. Mais l’arbre aujourd’hui nous fait penser à celui de la croix, ce trait d’union entre la terre où il plonge ses racines et le ciel vers lequel s’élèvent ses branches. C’est le Christ qui va être cloué sur cet arbre, c’est vers lui que se tournent nos regards pour avoir la vie.