Il y a bien des figures du baptême dans la Bible. Il y a d’abord le chapitre 1 de la Genèse où nous voyons l’abîme primordial, masse d’eau sans rivage, figurer le néant. Nous pouvons pressentir que notre baptême comportera un aspect de création : avec lui surgira une réalité qui n’était pas encore là.
Avec le déluge nous apprenons que le péché, c’est à dire le refus de se construire à l’image de Dieu, provoque le retour au néant initial. De fait nous ne pouvons être autres qu’images de Dieu… Cependant, ce néant est en quelque sorte traversé et une humanité nouvelle surgit à la sortie des eaux.
Voici maintenant la traversée de la mer rouge et du Jourdain : passage de l’esclavage à la liberté, création d’un peuple nouveau sur une terre nouvelle. « l’ancien a disparu, un être nouveau est là » dit St Paul. Nous sommes alors dans le thème omniprésent dans le nouveau testament de la création nouvelle dans le Christ.
A priori nous pourrions penser que Jésus n’avait aucune raison de se soumettre au baptême de Jean. Il n’a pas besoin de se laver, de traverser les eaux mortelles, de renaître dans un baptême pratiqué pour la rémission des péchés.
En lui il n’y a pas de division entre les hommes et Dieu.
Jean dit bien qu’il n’est pas digne de se courber pour défaire la courroie de ses sandales, un geste qui ne se fait qu’à la fin d’un parcours. Ne pouvons-nous pas voir ici une évocation de ce qui achève le parcours terrestre du Christ, sa mort et sa résurrection ? Le récit de son baptême est une sorte d’anticipation pascale, sa vie publique prenant place entre ces deux récits du passage à travers la mort, symbolique pour le premier, réel pour le second. Jésus lui-même parle de sa passion comme du baptême dont il doit être baptisé. Jésus est venu faire un avec nous dans la détresse où nous ont plongé nos violences, pour que nous fassions un avec lui dans l’humanité nouvelle. Lui n’avait nul besoin d’être baptisé, mais bel et bien nous-mêmes qui naissons avec lui comme membres de son corps.
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Lundi 28 décembre 2020 à Jouarre
Il y a 4 jours, nous fêtions sa naissance : c’était Noël. Pour tellement de monde, avec ce virus, ça a été une fête d’anniversaire bien particulière cette année. Ce n’était pas comme d’habitude, c’était comme si nous étions invités à nous déshabituer pour vivre du nouveau.
En tout cas, c’était vendredi : Dieu est venu naître parmi nous. Ou plutôt, Dieu a cherché à naitre en nous. Ou mieux encore, Dieu cherche à naitre en nous.
Parce que pour Dieu, le Seigneur de la Vie, le Seigneur de toute vie, le plus dur n’est sans doute pas de vivre, mais de naitre. A peine après avoir respiré pour la première fois, le voilà partit en périple en Égypte. Décidément pour Dieu, le Seigneur de la Vie, le plus dur n’est sans doute pas de vivre, mais de naitre. De naître en nous, en nos cœurs.
Et il se peut aussi que le grand problème de notre vie ne soit pas d’abord de vivre, mais de naître !
Paul vient de découvrir un mystère, caché jusque-là dit-il. C’est ce que nous venons d’entendre de sa lettre aux Ephésiens. En réalité l’entrée des païens dans l’héritage d’Israël n’aurait pas du être une nouveauté pour lui. Cela avait été déjà annoncé par les prophètes et par certains psaumes. Seulement cette perspective demeurait une sorte de mythe, abstrait, comme l’avènement d’un grand soir.
Pour Paul cela se produit maintenant, dans l’événement de la naissance de Jésus Christ. Matthieu, avec l’épisode des Mages, raconte au fond la même chose, mais il montre comment cela se réalise dans la naissance de Jésus. Bien sûr la réconciliation du juif et du païen, ces frères ennemis, est en route dès le commencement, mais elle apparaît maintenant en pleine lumière. Elle est « manifestée », selon le sens du mot épiphanie.
Il nous reste à la faire vivre par les décisions de notre volonté.
La parfaite réconciliation des hommes est pour la fin des temps.
L’histoire est faite de nos conflits et de nos efforts pour les surmonter.
La bonne nouvelle, c’est de savoir que nous pouvons en venir à bout.
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