Mardi 29 décembre 2020 à Jouarre
« C’est bientôt la fin de l’année mais depuis son début, je vous regarde »,
dit Dieu.
Au début, vous vous embrassiez, parfois même vous dansiez - pas au bal masqué, au bal tout court ! La distanciation sociale, puis la distanciation physique, sont devenues votre quotidien. Mais comme dit mon ami François, à Rome, ces distanciations ne pourront pas durer sans éroder l’humanité[1], sans éroder votre tradition bénédictine qui m’est si chère : l’hospitalité, elle fait tellement partie de vous. Combien de temps encore dureront ces distanciations ? Je ne sais pas – dit Dieu.
Mais l’avenir reste à écrire ensemble, car je vais continuer à tout vivre avec vous.
Depuis le début de l’année, je vous vois et surtout je vous admire tellement vous avez d’attentions les uns pour les autres, et en particulier en cette année étonnante : un covid qui n’en finit pas et qui repousse les écritures de mémoires, l’urgence sanitaire, l’urgence attentat, les secousses économiques qui vont avec tout ça. Il vous en ait tombé pas mal sur la tête cette année, sans parler de ce que chacun porte personnellement comme un combat contre un cancer, une relation qui casse, une histoire dont l’héritage est si difficile à assumer, une épouse ou une sœur qui est décédée... Vraiment cette année, si vous en aviez, vous aviez de quoi finir tous les Lexomils de vos armoires de salle de bains ou d’infirmerie de monastère.
Depuis le début de l’année, dit Dieu, je vous regarde :
Aucune hésitation chez les bergers. Ils croient l’ange, comme Marie et Élisabeth avant eux. Ils discutent un moment entre eux, pour se confirmer ce qu’ils viennent d’entendre et ils décident de partir en hâte, comme Marie quand elle se rendit chez Elisabeth.
L’ange leur avait parlé du sauveur. Ils découvrent une famille semblable aux autres avec le bébé couché dans la mangeoire. Rien d’extraordinaire, tout est simple et naturel à part le signe de la mangeoire qu’ils peuvent constater de leurs yeux. L’ayant vu ils expriment leur foi, sans hésiter, non pas en chantant le Magnificat ou en prophétisant, mais en répétant la parole de l’ange :
cet enfant est le Sauveur, le Christ Seigneur.
Tous s’étonnent, même Marie, qui conserve ces paroles et les considère dans son cœur. Elle rassemble ce que disent les gens même si ce sont des gens peu considérés. Elle est ainsi la figure du chrétien qui retourne ces éléments de la tradition en les laissant mûrir.
Les bergers eux, sont transformés. Ils repartent louant et glorifiant Dieu pour tout ce qu’ils avaient vu et entendu. Désormais l’armée céleste peut rester dans ses quartiers célestes puisqu’ils en prennent le relais sur la terre. De fait ils n’interviennent plus.
Nous venons de prononcer le mot de tradition. C’est traditionnel, au sens d’habituel de formuler des vœux au 1er janvier. Les bergers, en disant ce qu’ils avaient vu et entendu vont bien plus loin en nous invitant à communier au cœur de notre foi : Il vous est né un Sauveur, pour les siècles des siècles. Imitons les bergers !
Lire la suite : TN - 1er Janvier 2021 - Homélie et Prière universelle
Visite économique
« Ils seront vraiment moines lorsqu’ils vivront du travail de leurs mains »
Ce verset de la Règle de St Benoit nous est précieux. Notre travail nous plonge dans les réalités économiques, sans avoir la possibilité d’oublier que c’est dans le très concret de nos journées que le Royaume se bâtit. Une oraison du missel le dit à merveille :
« Tu protèges, Seigneur, ceux qui comptent sur toi ; sans toi rien n'est fort et rien n'est saint : multiplie pour nous les gestes de miséricorde afin que, sous ta conduite, en faisant un bon usage des biens qui passent, nous puissions déjà nous attacher à ceux qui demeurent »
Voilà c’est un peu pour cela que F. Mathias (La Pierre qui Vire) et sr Pierre-Marie (Pradines) sont venus passer quelques jours parmi nous : être ce regard extérieur qui aide à faire un bon usage des biens qui passent afin de pouvoir s’attacher à ceux qui demeurent… Merci à eux !