Pendant 40 jours Jésus va revivre l’épreuve vécue par son peuple pendant 40 ans.
Difficile de vivre au désert : Jésus va connaître la faim, la tentation comme nous de chercher la sécurité du pain quotidien par l’accumulation des richesses, l’illusion du pouvoir et de la toute-puissance dans la famille, le pays, l’entreprise, la tentation des « moyens courts ».
C’est d’ailleurs ce que le peuple lui demande, qu’il fasse des miracles, prenne la tête du peuple pour rétablir la souveraineté d’Israël.
Mais Jésus n’a utilisé sa puissance que pour guérir, nourrir, changer les cœurs.
Il refuse la publicité, une légion d’anges pour le défendre. Il a connu la fatigue et la soif au puits de Sichar, le chagrin à la mort de Lazare. Il a connu toutes nos ambitions classiques. Ses tentations sont les nôtres et aussi, par voie de conséquence, au long des siècles, celles de l’Église souvent tentée d’utiliser à son profit un pouvoir reçu d’un Autre.
Or c’est précisément dans sa manière de vivre son humanité que Jésus nous révèle sa divinité.
Une page d’évangile qui nous est offerte comme un beau bouquet avec plein d’images et de couleurs : regardez les oiseaux du ciel, la beauté de leurs plumages, la diversité des herbes, des semailles, les lys des champs…. A croire que Jésus avait lui-même cela sous les yeux, lors d’un beau printemps de Palestine. Regardez ce dont tout cela est le signe : le formidable souffle de vie qui anime la nature, cette nature dont nous sommes nous-mêmes partie prenante.
Si Jésus parle ainsi c’est pour nous conforter dans le choix initial de la foi, l’élan de la confiance. C’est déjà ce que disait le prophète Isaïe aux exilés de Babylone, alors que l’ensemble du peuple connaissait une terrible épreuve. Vous n’êtes pas abandonnés par Dieu. L’Alliance est là : « Une mère pourrait-elle abandonner son enfant ? »
Depuis plusieurs dimanches nous accompagnons Jésus sur la montagne d’où, comme Moïse sur le mont Sinaï il énonce la loi nouvelle, celle du Royaume qu’il vient établir parmi nous.
« On vous a dit, moi je vous dis », il est bien clair que cette loi, sans renier l’ancienne, va plus loin. Dans la première à l’exception du premier commandement, les suivants se présentaient sous la forme d’interdits. Et Jésus donne des exemples, en particulier dans le domaine de nos relations avec autrui :
Si vous invitez quelqu’un qui va vous rendre la pareille, quelle mérite avez vous ? Les païens n’en font-ils pas autant ? Moi je vous dis : invitez celui qui ne pourra pas vous rendre, aimez vos ennemis…
Il y a donc deux façons d’agir, deux sagesses, l’une seulement terrestre, qui relève du savoir vivre, de la simple politesse ; et une autre qui va au delà, s’inspire d’une autre motivation.